Le Père Noël n'oublie pas.



Des ténèbres naissantes affleurait encore l'épaisse blancheur de la barbe du Père Noël. Son front avait sombrédéjàdans l'ombre ourlée du rabat de son
capuchon. Sur ses genoux, ses doigts, que les froids et les nuits avaient rendus rugueux comme l'écorce des bûches, s'estompaient silencieusement.

Au travers des carreaux embrumés de l'étroite fenêtre on voyait un vent d'autan qui chassait les corneilles entre les ramures frêles des bouleaux blancs. Le Père Noël suivait des yeux le jeu du vent et des oiseaux. D'éphémères volutes de neige dansaient àl'évocation d'un souvenir pour disparaître bientôt dans la blancheur bleutée des collines proches. La pensée du Père Noël se reposait alors tout au long de la plaine en flocons silencieux.

Au souffle d'un soupir quelques poils de la barbe du Père Noël frissonnèrent. La porte de la chambre
s'entr'ouvrit lentement et l'on vit le visage hésitant du Maître des lutins : <<c'est bientôt l'heure, Père Noël>> dit celui-ci avec respect ; <<je sais, je n'oublie pas>> répondit doucement le Père Noël.

Sur la plaine enneigée oùles pensées du Père Noël avaient vaganbondé, on entendit tinter les sonnailles que l'on met au poitrail des rennes.




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