Le problème de la synchronisation et la conjecture de Cerny
Thèse de troisième cycle, Jean-Éric Pin
Résumé : Soit A =
(Q, X) un automate fini. Chaque mot m de X*
definit une application q --> qm de Q dans Q; le
rang de m dans A est l'entier Card {qm
¦ q in Q }. Un mot de rang 1 envoie tous les états sur un
seul état et est appelé mot synchronisant. Si un tel
mot existe, on dit que l'automate est synchronisant dans
A. La conjecture de Cerny affirme que si un automate à
n états est synchronisant, alors il admet un mot
synchronisant de longueur ≤ (n-1)2. Nous proposons
dans cette thèse la généralisation suivante de cette
conjecture: si dans un automate à n états, il existe
un mot de rang ≤ n-k, alors il existe un tel mot de rang
≤ k2: la conjecture de Cerny correspond au cas k
= n-1.
Cette thèse fournit un certain nombre de résultats partiels
en direction de ces deux conjectures. Cerny avait déjà
montré que la borne inférieure
(n-1)2était atteinte. Nous obtenons une borne
supérieure en (1/2 - π2/36)n3 +
o(n3). Nous prouvons la conjecture
généralisée pour k = 1, 2 et 3 (le cas
k = 3 nécessite une analyse combinatoire assez
détaillée) et nous montrons que la borne inférieure
k2 est effectivement atteinte. Nous obtenons
également une borne supérieure en (1/3)k3 -
k2 + (14/3)k - 5. Ce résultat est basé sur une
technique d'analyse descendante que l'on peut sans doute améliorer,
mais qui donnera au mieux une borne en (1/6)k3.
Nous résolvons par ailleurs les conjectures dans divers cas
particuliers. Nous montrons par exemple que la conjecture de Cerny est
vraie s'il existe une lettre de rang ≤ (1 + log_2 n). Nous
prouvons également les deux conjectures pour certains automates
"circulaires" (automates dans lesquels une lettre induit une permutation
circulaire sur l'ensemble des états) et pour les automates
triangulables (automates dans lesquels les matrices associées aux
lettres sont simultanément triangulables).
Abstract : Let A = (Q, X) be
a deterministic automaton. Each word m of X*
defines a map q --> qm from Q to Q; the rank of
m in A is the integer Card {qm ¦ q in Q }.
A word of rank 1 maps all states to a single state and is called a
synchronizing word in A. If such a word exists, the
automaton is said to be synchronizing. Cerny's conjecture states
that if an n-state automaton is synchronizing, there exists a
synchronizing word of length ≤ (n-1)2. In this
thesis, we propose the following generalization of Cerny's conjecture: if
an n-state automaton admits a word of rank ≤ n-k, then
there exists such a word of length ≤ k2: Cerny's
conjecture corresponds to the case k = n-1.
In this thesis, we give some partial results on both conjectures. Cerny had
already proved that the lower bound (n-1)2 can be
reached. We obtain an upper bound of the form (1/2 -
π2/36)n3 + o(n3). We also prove the
generalized conjecture for k = 1, 2 and 3 (the case k =
3 already requires some detailed combinational analysis) and we show
that the lower bound k2 can effectively be reached. We
also obtain the upper bound (1/3)k3 - k2 + (14/3)k
- 5. This result is based on a technique of descending analysis which
can probably be improved, but will give at best a (1/6)k3
bound.
We also solve both conjectures in various particular cases. For instance,
we show that Cerny's conjecture is true if there exists a letter of rank
≤ (1 + log_2 n). We also show that both conjectures are true
for certain circular automata (automata in which some letter induces a
circular permutation on the set of states) and for the triangulable
automata (automata for which the matrices associated with the lettres are
simultaneously triangulable).