Pouvez-vous vous présenter succinctement ?

J’ai 23 ans et je suis doctorante en informatique théorique à l’IRIF, sous la direction d’Adrien Guatto et Christine Tasson. J’ai suivi un parcours scolaire assez long et particulier. Plus jeune, je ne savais pas exactement où je voulais aller mais j’étais certaine d’une chose, c’est que je ferai des études en science. J’ai donc fait un Master Parisien de Recherche en Informatique (MPRI) à Paris Diderot. En parallèle, j’ai été ingénieure électronique dans un escape game !

Qu’est-ce qui vous a amené à faire des études scientifiques ?

Depuis toute petite, l’informatique m’a toujours intéressée. Il y avait un ordinateur à la maison, c’est ma mère qui l’avait construit. J’ai donc appris à me servir d’un ordinateur avant même de savoir lire. C’est cela qui m’a donné envie de faire des maths, de la physique, de comprendre et d’utiliser l’ordinateur. Dès mes 8 ans, j’ai toujours su que je voulais aller vers quelque chose de scientifique. Je voulais être inventeure !
Je fais de l’électronique depuis toujours et j’ai commencé à programmer quand j’avais 7 ans pour coder mes propres jeux vidéo. Mais j’ai réalisé que j’avais besoin de maths. Et j’aime bien la théorie derrière. J’adore réfléchir quand je sais que ça va servir à quelque chose. Je pense que la théorie et la pratique sont complémentaires. Ce qui me plait dans l’informatique théorique justement, c’est que c’est très théorique tout en étant pratique.

Qu’est-ce qui vous a amené à faire de la recherche en informatique théorique ?

Au lycée, j’aimais la science, je voulais aller en école d’informatique, mais je me suis rendue compte que ce n’était pas mon mode d’apprentissage. J’ai alors fait une prépa pendant 3 ans, 3 années pendant lesquelles j’ai beaucoup souffert. Après ces 3 années, j’ai décidé de partir à la fac. J’ai obtenu juste après mon année de L3 informatique à Descartes. Puis, après une année sabbatique, je suis rentrée en M1 et j’ai choisi l’option recherche. L’informatique théorique est le juste milieu entre théorie et pratique avec un côté mathématique.

Avez-vous été inspirée par des femmes scientifiques ? Si oui, lesquelles ?

Ma mère, qui n’était pas du tout dans ce milieu mais qui, durant les années 90, a travaillé dans des boîtes d’installation de matériel destiné aux salles des marchés. Elle a tout appris de manière autodidacte et m’a beaucoup inspirée. Il y a également la professeure Sophie Laplante, qui m’a beaucoup inspirée et soutenue. Je pourrais citer aussi Mme Ragot, ma prof de math en Terminale, qui avait une façon très particulière d’enseigner. Sa pédagogie était basée sur l’entraide dans toute la classe. Grâce à Mme Ragot, tous les élèves ont très bien réussi au bac. J’ai encore quelques contacts avec elle et je la tiens parfois informée de la suite de mon parcours. En ce qui concerne les femmes scientifiques, j’ai toujours eu du mal à aduler les figures scientifiques érigées comme des génies. Selon moi, la recherche est commune. C’est pourquoi les femmes qui m’ont le plus inspirées ne sont pas des célébrités de la science !

Selon vous, qu’est-ce qui pourrait être fait pour attirer plus de femmes dans la recherche en informatique ?

Dans la culture ambiante, il y l’idée selon laquelle les mathématiques ne sont pas pour les filles. Pour pallier à ça, il faudrait plus de Sophie Laplante ! Cela aide beaucoup d’avoir des femmes autour de soi, dans son environnement ou à des positions marquantes, comme des directrices de master par exemple. Être la seule femme ne donne pas envie de rester. Je pense aussi qu’il faut arrêter de trier les élèves aussi tôt dans leur vie. A 16 ans, on est encore imbibé de stéréotypes. Demander aux jeunes de faire des choix de carrière à cet âge c’est très tôt.