5 questions à Anna Vanden Wyngaerd, post-doctorante

Pouvez-vous vous présenter succinctement ?

Je suis en 1ère année de post-doc à l’IRIF et je m’intéresse à la combinatoire. Je suis née en Belgique où j’ai fait mes études et ma thèse à l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Après ma soutenance de thèse en novembre 2021, j’ai eu envie d’intégrer un laboratoire où la combinatoire occupe une plus grande place, (cet axe de recherche est assez peu courant à Bruxelles). Sous les conseils avisés de Sylvie Corteel, directrice de recherche CNRS à l’IRIF et Matthieu Josuat-Vergès chargé de recherche CNRS dont les travaux sont proches de mon domaine, j’ai rejoint l’IRIF pour y effectuer mon post-doc.

Qu’est-ce qui vous a amené à faire des études scientifiques ?

Plus jeune, j’étais intéressée par plein de choses comme la littérature ou encore la philosophie. Mais je me suis dit que contrairement à la littérature et la philosophie (entre autres), je n’allais jamais pouvoir apprendre les mathématiques et l’informatique par moi-même. J’ai donc fait le choix de poursuivre des études scientifiques tout en conservant un vif intérêt pour d’autres branches. Au départ, j’ai fait des études de maths. Mais en France, tout ce qui concerne la combinatoire est rangé sous le parapluie de l’informatique plutôt que des mathématiques.

Pourquoi vous êtes-vous spécialisée en informatique théorique ?

Pendant longtemps, j’étais convaincue que je détestais l’informatique. En revanche, les études de maths et mon grand amour pour le raisonnement mathématique abstrait, la beauté que l’on retrouve dans certaines preuves mathématiques, ça j’étais convaincue que j’adorais ! À l’université, je n’ai choisi que peu de cours d’informatique car cela ne m’attirait pas à l’époque. C’est seulement pendant ma thèse que j’ai dû apprendre à coder et à m’intéresser davantage à l’informatique. Maintenant j’adore ça ! Avec le recul, je me rends compte que l’informatique me plaît parce qu’il y a un problème mathématique derrière et ça c’est chouette.

Avez-vous été inspirée par des femmes scientifiques ? Si oui, lesquelles ?

Inspirée par des femmes scientifiques, pas forcément. Mais par mes deux parents oui ! Surtout ma mère qui a toujours été extrêmement encourageante. Elle qui a fait des études de langues, voyait mon choix de carrière comme une mission pour m’aider à trouver des études qui m’allaient bien, même si ça signifiait de devoir participer à des millions de portes ouvertes ! Grâce à son soutien, j’ai choisi de faire des études de mathématiques à l’ULB et dans une autre langue que ma langue maternelle (le néerlandais). Ma mère me disait, « Tu essaies et si ça ne va pas, tu recommences, il n’y a pas de problème. » En arrivant à l’IRIF, j’ai été bien accueillie. Sylvie Corteel m’a présenté à d’autres femmes dans ce milieu. J’ai tout de suite été bien entourée.

Selon vous, qu’est-ce qui pourrait être fait pour attirer plus de femmes dans la recherche en informatique ?

Il faudrait multiplier les initiatives pédagogiques comme MATh.en.JEANS qui est un chouette projet collaboratif et non compétitif. Ou les Olympiades d’informatique aussi qui ont selon moi leur place, même si l’esprit est plus compétitif. Aujourd’hui encore, les biais de genre en science restent très importants. En mathématiques, ma classe d’université était assez équilibrée. En informatique par contre, il y avait beaucoup plus d’hommes. Le premier cours que j’ai donné en amphi dans le cadre de ma thèse, c’était devant 200 hommes ! Si on considère la carrière académique, ce biais peut peut-être s’expliquer par une inégalité flagrante et simple : on encourage les post-docs à changer de pays. En Belgique, c’est même obligatoire. Or entre 28 et 35 ans (âge moyen d’un·e post-doc), on est dans une phase de notre vie très instable : changement d’emploi, changement de milieu. C’est aussi une tranche de vie où les femmes commencent à fonder une famille et se retrouvent avec davantage de responsabilités qui freinent voire empêchent la progression dans leur carrière. Le profil hommes célibataires va donc être privilégié en termes d’opportunités de recherche à l’étranger. Une remise en question de ce fonctionnement pourrait peut-être permettre d’attirer, ou en tout cas, de faire perdurer la présence des femmes dans la recherche en informatique.