La Journée internationale des femmes et des filles de science, célébrée chaque année le 11 février, a été adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies afin de promouvoir l'accès et la participation pleine et équitable des femmes et des filles à la science. Cette journée permet de rappeler que les femmes et les filles jouent un rôle essentiel dans la communauté scientifique et technologique et que leur participation doit être renforcée. Pour plus d'information : https://fr.unesco.org/commemorations/womenandgirlinscienceday

Pour souligner cet évémenement, l'IRIF a proposé à quelques-unes de ses doctorantes et post-doctorantes de répondre à quelques questions. Nous remercions Mouna, Lucie et Shamisa pour leur participation et publions ci-dessous leurs réponses.

Interview complète de Mouna SAFIR, doctorante
Interview complète de Lucie GUILLOU, doctorante
Interview complète de Shamisa NEMATOLLAHI, PhD student (en anglais uniquement)

Pouvez-vous vous présenter succinctement ?

Mouna Safir : Je suis doctorante en troisième année. Je suis actuellement en co-tutelle entre l'IRIF et l'UM6P-CS au Maroc, sous la direction des professeurs Carole Delporte et Hugues Fauconnier. J'ai obtenu ma licence en Mathématiques Appliquées puis un Master en Internet des Objets et Services Mobiles à l'ENSIAS de Rabat. Cette formation m'a amené à passer mon stage de fin d'année à l'IRIF, ce qui m'a également donné l’occasion de poursuivre une année pré-doctorale à l'UM6P de Ben Guerir et de commencer ma thèse en co-tutelle dans l’étude des algorithmes d’accords dans un système distribué.

Lucie Guillou : Je suis doctorante depuis octobre 2022 au sein de l’IRIF. J’ai commencé mes études par deux ans de licence de Mathématiques à Rouen, puis j’ai intégré l’Ecole Normale Supérieure de Rennes en Informatique. Grâce aux stages de recherche que j’ai fait durant mes deux années à Rennes, j’ai découvert un domaine de l’informatique théorique appelé vérification paramétrée de systèmes distribués. J’ai ensuite fait un master en recherche informatique théorique à Paris, et maintenant, un doctorat sous la direction d’Arnaud Sangnier et Tali Sznajder.

Shamisa Nematollahi : I've recently joined IRIF and CNRS as a Ph.D. student. I am working on combinatorial optimization problems in the algorithms and complexity team. I have gotten my bachelor's and master's degrees in applied mathematics in my country, Iran. Ever since I was a high school student, I was very interested in solving complex math problems, and in fact, solving math problems was my main hobby.

Qu’est-ce qui vous a amenées à faire des études scientifiques ?

Mouna Safir : Grâce à la passion que j’ai pour les mathématiques depuis que je suis jeune ! Tout au long de ma scolarité au collège et lycée, j’ai eu la chance d'avoir de très bons professeurs qui ont contribué à renforcer mon amour pour les sciences.

Lucie Guillou : Au lycée, la matière qui me plaisait le plus, c’était les mathématiques. Je savais que je ne voulais pas être ingénieure et, ne connaissant pas le principe des ENS, j’ai fait le choix de ne pas faire prépa (par appréhension et non appétence pour la physique). La licence de mathématiques s’est présentée comme le choix le plus évident pour me plaire dans mes études.

Shamisa Nematollahi : In my opinion, everyone came to this world for a purpose and has a mission that they must fulfill and leave, I think my mission is also to make changes in science, however small. In fact, I found the meaning of life in this fact that, in order to be useful and effective, I must leave a mark on myself for future generations, preferably this mark is progress in science.

Pourquoi vous êtes-vous spécialisées en informatique théorique ?

Mouna Safir : J'ai toujours considéré l'informatique comme une frontière commune entre toutes les autres sciences, ce qui a stimulé mon intérêt pour ce domaine. De plus, être lauréate d'une des grandes écoles d'informatique au Maroc est un accomplissement personnel dont je suis fière, j'ai donc poursuivi mon parcours académique dans ce sens.

Lucie Guillou : Je me suis plu en mathématiques jusqu’à la fin de la deuxième année de licence, mais ensuite le niveau d’abstraction très élevé m’a dérangé. Je cherchais un entre deux entre les cours de programmation que j’avais eu à l’Université et ceux de mathématiques. Je l’ai trouvé dans l’informatique théorique. Les objets avec lesquels on travaille sont moins abstraits qu’en mathématiques mais la rigueur et le raisonnement mathématiques gardent une place cruciale dans notre travail. Sur les conseils d’un professeur de mon université, j’ai postulé à l’ENS de Rennes en informatique.

Shamisa Nematollahi : I have always been interested in regularities that exist in random, large, and complex structures. During the last decade, as I was firmly engaged with math Problems, I dealt with such problems in a predominantly abstract way. The core idea behind my research was to discover global patterns, regularities, and information of a large complex structure given local information. More recently, I have become interested in applied problems with high-impact solutions and I switched to approximation algorithms for my master's thesis after that, I decided to continue my Ph.D. in the same field. switching from mathematics to computer science would not only give me a strong foundation in the theory of computer science but also allows me to expand my research horizons.

Avez-vous été inspirées par des femmes scientifiques, et, si oui, lesquelles ?

Mouna Safir : Marie Curie a été une source d'inspiration pour le positionnement des femmes en science en général. Mais avant de commencer mon doctorat, je connaissais très peu de femmes scientifiques dans le domaine de l'informatique, à l'exception de Joan Clarke qui a contribuée au déchiffrement d'Enigma. C'est plus tard, durant mes années de doctorat, que j'ai découvert de nombreuses femmes scientifiques inspirantes, comme ma co-directrice de thèse Carole Delporte, ou encore Nancy Lynch, Hagit Attiya, Jennifer L. Welch et beaucoup d'autres dans mon domaine de recherche.

Lucie Guillou : Non, malheureusement, cela aurait peut-être facilité certains moments de doute.

Shamisa Nematollahi : My parents have always encouraged and supported me and have always given me self-confidence since childhood. My teachers and professors throughout high school and universities in Iran as well as here have been very inspiring and influential. Definitely, Professor Maryam Mirzakhani, as the first female Fields Medalist in the world, has been one of the most important role models in my scientific life, Maryam proved that women can also advance in the higher degrees of science as much as men and be influential.

Selon vous, qu’est-ce qui pourrait être fait pour attirer plus de femmes dans la recherche en informatique ?

Mouna Safir : Je pense qu'il est crucial de briser les barrières culturelles et sociales qui peuvent décourager les femmes et les filles. Cela peut par exemple commencer par la promotion des réalisations et des contributions des femmes dans ce domaine et ce dès le niveau primaire. De plus, il existe des aides financières et des bourses pour les femmes souhaitant se lancer dans la recherche, ce qui est un pas dans la bonne direction. Des programmes de mentorat pour les étudiantes, tels que celui de l'IRIF, peuvent également être mis en place pour les soutenir. Et surtout, il est important de sensibiliser les jeunes filles dès leur plus jeune âge à l'informatique et leur montrer comment utiliser leurs compétences pour faire une différence positive dans le monde.

Lucie Guillou : Informatique théorique et informatique pratique (programmation) sont souvent mélangés, en fait, je ne savais pas du tout ce qu’était l’informatique théorique avant ma troisième année d’étude. Je pense qu’il est important de distinguer les deux et de le communiquer aux plus jeunes. C’est aussi encourageant de savoir qu’il y a d’autres femmes dans les laboratoires de recherche en informatique, et qu’elles sont souvent passées par les mêmes doutes que nous. Cela rend aussi possible d’échanger sur nos doutes en tant que chercheuse.

Shamisa Nematollahi : As a woman who was born in the Middle East, I have been fortunate to live in an era where women are also widely present in science and society in general. I appreciate all the young ladies who are fighting with patriarchal societies with all their might to get their rights and also this equality. In order to increase this presence and equality as much as possible, we should try to give women self-confidence and value and give importance to the presence of women. Women should be encouraged that they are strong enough to choose any career that they are interested in and they should not be caught up in stereotypes and taboos. We will definitely reach this equality, but it will take time. I appreciate all professors and colleagues, who try to create an equal space in science for everyone.​